En 1965, René Lévesque est ministre des Richesses naturelles dans le gouvernement du parti libéral de Jean Lesage.  Ce matin du 18 juin, seul dans son appartement situé près de l'Université de Montréal, tout en préparant son café et en grillant sa première cigarette, il pense à ce qu'il va leur dire.  Lentement, le passé refait surface.  Il se souvient maintenant de ce qu'il leur a dit en 1957, à Murdocville, alors qu'il était journaliste et animait Point de Mire à la télévision de Radio-Canada.  Il prend une tablette et se met à écrire....

Il est parti de québec sans informer personne, alors que sa présence était requise au Parlement.  Il n'a rien dit à son entourage.  Aujourd'hui, son intention est de disparaître.  Comme ministre, devoir de réserve l'oblige à garder une certaine neutralité entre patrons et syndicats.  Mais ce qu'on lui demande de faire aujourd'hui, participer au tournage d'un film en faveur de la syndicalisation des travailleurs vient rompre cet équilibre précaire.  Il espère donc qu'aucun journaliste n'apprenne où il ira en quittant son appartement... 

Près de quarante ans plus tard, une vieille étiquette sur une boîte de film 16 mm va faire remonter à la lumière de l'actualité cette activité secrète de René Lévesque le 18 juin 1965, mais aussi avec elle, une étrange et discrète consigne que René Lévesque semble avoir donnée en 1970, au moment de la première campagne électorale du parti Québécois.