Par Anick Fortin - Terminer ce travail de recherché sur la mémoire. L’implicite et l’explicite. Tenter de comprendre quelle place elle peut bien occuper dans une si petite boîte. La crânienne. Pour finalement se dire que peu importe ce qu’on trouvera, il y aura toujours des bouts de souvenirs qui nous échapperont. Et d’autres qu’on peut se fabriquer de toutes pièces. Pour Julie, finissante en travail social, ce sont les souvenirs beige sale de sa jeune vie qui n’ont de cesse de s’imposer. Autant fuir tout ça. Ne pas hésiter à y mettre de la distance. Jusqu’à mille kilomètres. Quitter Montréal pour la Baie-des chaleurs.
Julie accepte un emploi dans un Centre d’animation pour personnes touchées d’une déficience intellectuelle. « Y’a juste quand je travaille que ma vie s’arrange avec la vie. » Mais il y a au Centre un Raymond. Raymond de Chandler. Qui déchiquette du papier du matin au soir. Comme on déchiquette des souvenirs ou du présent trop accaparant. « …pis là, je lui ai dit, à la mort, qu’elle était mieux de pas venir me voir parce que j’allais la passer dans ma machine. »
Raymond qui raconte aussi de drôles d’histoires. Puisées à un passé douteux. Ou à un présent aussi froid qu’un crime d’hiver.
FORTIN, Anick - Les têtes brisées
Roman, 2015
978-2-89583-312-3, 24,95$, 159 p.