Les hauts-parleurs du camp de prisonniers lancent un cri de délivrance: "LA GUERRE EST FINIE! 

C'est la première phrase que j'apprends à dire en français.  Jamais je ne saurai la redire en chuchotant.

Dans l'enclos où nous sommes rassemblés, il pleut abondamment.  Mes pieds sont mouillés mais je n'en ai cure.  Bientôt, j'aurai des souliers nefs et peut-être même des chaussettes.  J'aurai un vrai lit, une école et des amis.  Je mangerai peut-être à ma faim et j'aurai un petit chien.

Nous ne restons pas très longtemps à la frontière.  Le dernier train de l'espoir, nous dépose dans un déferlement d'enthousiasme à la gare de l'Est, en plein coeur de Paris.  Il est présisément minuit. Une nouvelle vie va commencer.

Quand tout ça a débuté, j'avais cinq z'ans.  J'en ai onze maintenant Je suis grand.