Par Lison Beaulieu - Pour Rose, tout a commencé avec un plancher sale, un philosophe et un pied gangrené.
Difficile de penser que ça puisse tourner rondement. La jeune quarantaine, Rose fait la lecture à des pensionnaires dans une résidence pour personne âgées. Surtout à monsieur Bélanger. Ils viennent de dévorer le Discours de la méthode et Les passions de l’âme avec belle humeur. De Descartes, ils passent à Henry David Thoreau. Rose y prend son plaisir. Rose prend toujours plaisir à faire plaisir. Et monsieur Bélanger ne boude jamais le sien Nonagénaire, un pied gangrené, l’humeur changeante, l’esprit parfois piqué de barbillons, monsieur Bélanger invite Rose sous ses draps. Ce qu’elle accepte. Pour le plaisir de faire plaisir. Et monsieur Bélanger ne boude jamais le sien. Rose a le don de se retrouver dans de beaux draps, déchirée qu’elle est entre trois hommes, devant faire les bons choix autant pour éviter que sa vie ne soit emportée par des courants d’eau froide que pour assurer la guérison de monsieur Bélanger à la suite de l’amputation de son pied gangrené. Comme le lui répétait sa mère : « Arrête de tourner autour du pot pis chie dedans. » Elle n’aurait su mieux dire. N’empêche que c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Il y a toujours des décisions à prendre, des découvertes à faire qu’on ne voudrait pas toujours faire, des rencontres trop ou pas assez planifiées, des dons de soi qu’il faut aller chercher dans le dedans du profond. Quant à la mère de Rose, puisque ça peut être inévitable d’en parler, c’est une autre histoire. Enfin… presque.
BEAULIEU, Lison - Papier cul
Roman, 2015
978-2-89583-310-9, 22,95$, 159 p.